L’évolution du massage-bien-être, tel que nous le revendiquons actuellement en Occident, est très fortement liée à notre développement socio- économique et technologique – en particulier aux États-Unis. La vision occidentale et le développement du massage-bien-être ont été largement influencés par les différentes approches anglo-saxonnes, entre autres sur la façon de communiquer sur la consommation des différents services de bien-être, et sur la mise du massage- bien-être à la portée de tous.
Le bien-être en Amérique
Les Américains n’ont pas vraiment inventé le massage-bien-être, même s’ils sont à la base du massage « californien » ou du massage « sur chaise ». Ils ont surtout inventé le marketing du massage-bien-être et la façon de le vendre comme un service nécessaire, en amont de la santé. L’Amérique a fait découvrir le bien-être à l’Occident bien au-delà des techniques ancestrales de massage. Le « plus », la « magie » a été d’avoir su comment détourner (voir réinventer ou mixer dans un contexte particulier) le massage, dont la clé de voûte est le sens de l’adaptation. Car le sens de l’adaptation est une évidence pour les Américains qui sont venus du monde entier avec leur propre culture pour se réinventer d’une façon ou d’une autre.
Le cheminement du massage-bien-être aux États-Unis tient à un cocktail basé sur chaque communauté et ses traditions, et sur la façon de réadapter, dans sa pratique, une tradition de telle sorte qu’elle soit acceptable pour les autres.
Depuis les années 1960-1970, certains États et certaines villes américaines semblent avoir embrassé plus vite que les autres la vision du bien-être des techniques de développement personnel. On peut citer la Californie où l’hédonisme des années 1970 a vu naître de nombreux courants de pensée fondés sur la notion de soi, du plus débridé au plus sectaire. C’est de cet État que vient le classique massage-bien-être, le massage dit californien.
On peut aussi penser à la Floride, avec son tourisme de masse et son développement économique ciblé sur les retraités américains qui cherchent le soleil. Eux qui ont tout leur temps et un pouvoir d’achat important ont permis l’essor des activités liées au bien-être, notamment des services de massage-bien- être.
Hawaï est aussi un État tout à fait exemplaire quant au développement du bien-être. C’est en partie lié à sa culture d’origine polynésienne et ses influences asiatiques. Dans cet archipel, la tradition spirituelle du hooponopono est encore vivace, sous la forme d’une véritable philosophie et d’un art de la guérison physique et mentale. Le lomi lomi et le massage aux pierres chaudes volcaniques, qui proviennent d’Hawaï, sont reconnues dans le monde entier. Les séminaires, écoles et centres liés aux techniques de bien-être y sont très nombreux. Des Américains, des Canadiens ou des Japonais mais aussi de plus en plus d’Européens viennent régulièrement suivre des stages à Hawaï, qui est devenu au fil du temps aussi incontournable dans l’univers du bien-être qu’il pouvait l’être dans le milieu du surf. De façon plus négative mais qui prête aussi à sourire, on moque parfois Hawaï comme l’« archipel fantastique des gourous » !
Il faut enfin citer un haut lieu américain où le bien-être peut être un style de vie : New-York, la « Grosse Pomme », est aussi la ville où naissent les tendances du bien-être à venir.
Le massage-bien-être made in USA – Le massage Esalen
Le massage Esalen est né de différents concepts élaborés à l’institut Esalen, un centre fondé en 1962 à Big Sur, en Californie. À cette époque, on insistait sur les libérations corporelles, l’expression des sentiments et le développement du potentiel humain.
La technique manuelle du massage Esalen est dérivée du massage suédois, qui agit sur le plan musculaire et circulatoire, mais aussi sur l’approche de l’éveil sensoriel par la respiration dont Charlotte Selver a été l’une des pionnières en Allemagne.
Le massage Esalen est aujourd’hui une marque déposée de l’Esalen Institute, dont le protocole a été mis au point à l’institut Esalen Massage and Bodywork Association (EMBA), qui veille à ce que les normes de qualité soient respectées tant en ce qui concerne la formation que la pratique. L’association offre son appui aux praticiens et aux enseignants à l’échelle internationale.
Depuis sa création, la philosophie du massage Esalen est demeurée la même, mais un grand nombre de praticiens y adjoignent d’autres approches corporelles et techniques de développement personnel comme la sophrologie ou la naturopathie. Le premier atelier de massage Esalen a été ouvert en 1968 par Molly Day Shackman.
– Le massage californien
Il est apparu au début des années 1970, dans la lignée du massage Esalen, à l’époque du renouveau du développement personnel, à travers l’expression du lien « corps-esprit ». La technique a été créée par Margaret Elke, qui s’est inspirée de la douceur du massage Esalen, qu’elle a combiné avec une démarche plus intérieure et émotive. Elle a enseigné la technique aux États-Unis, puis en France, entre autres.
– Le massage amma sur chaise
On doit à Tina Sohn, Américaine d’origine coréenne et maîtresse en massage amma, d’avoir renouvelé l’intérêt pour cette pratique en Occident. En 1976, elle a mis en place, avec son mari Robert Sohn, le Holistic Health Center (renommé en 2002 le New York College of Health Professions), l’un plus important parmi les centres de formation et de recherche en médecine holistique offrant un programme avancé en massage amma.
La pratique du massage amma assis a vu le jour aux États- Unis, dans les années 1980, grâce à David Palmer. En 1982, son maître Takashi Nakamura lui confia la mission de diriger l’Amma Institute of Traditional Japanese Massage, la première école américaine exclusivement dédiée à l’enseignement du massage amma. C’est dans cette institution (qui n’existe plus aujourd’hui) qu’il a expérimenté la technique du « massage sur chaise », avant de fonder sa propre école. Cette technique a permis d’élargir l’exercice du massage en tous lieux, comme les aéroports, les centres commerciaux ou en milieu de travail, etc. En France, la technique s’est surtout popularisée à partir des années 2005.
– Le lomi lomi
Le lomi lomi est un terme hawaïen qui signifie tout simplement « massage ». C’est un massage « curatif » hérité des Polynésiens et plus spécifiquement des maîtres guérisseurs d’Hawaï. L’essence de la philosophie hawaïenne appelée huna part du principe que toute créature recherche l’harmonie et l’amour. C’est pourquoi le lomi lomi pourrait être traduit plus judicieusement comme un « massage des mains aimantes ».
La huna stipule que toutes les cellules de notre corps ont une mémoire et que le physique, le mental, l’émotif et le spirituel forment un tout indissociable. De ce fait, le lomi lomi n’agit pas uniquement à un niveau particulier, mais procède à « une guérison » qui affecte toutes les dimensions de l’être. Il « raisonne » également en termes de courants d’énergie ; de là le but qu’il se propose : rétablir l’harmonie, car la maladie serait une disharmonie ou un état de tension menant à une résistance qui bloque le mouvement d’énergie.
Le lomi lomi met en évidence l’existence de ces blocages et les élimine pour permettre aux flux d’énergie de circuler et, ainsi, amener la personne traitée vers la guérison.
Devenir praticien aux États-Unis
Aux États-Unis, le praticien en massages-bien-être est appelé « massothérapeute », comme au Canada. La massothérapie englobe et reconnaît environ 80 techniques de massage différentes. Toutes ces techniques sont pratiquées en France et considérés par la FFMBE comme des pratiques de bien-être.
Selon la dernière enquête des professionnels américains du massage, le nombre d’écoles agréées de massothérapies est passé de 637 en 1998, à 1 529 en 2007.
En 2007, 39 États et le district de Columbia avaient une législation et proposaient une certification spécifique régissant la pratique du massage.
Dès lors que l’on souhaite devenir praticien sur le sol américain, il faut choisir son école selon le nombre d’heures de cours requis par la certification de l’État où l’on souhaite travailler. Parfois une certification fédérale est également nécessaire. Sans certification de l’État, vous ne pouvez pratiquer le massage professionnellement, sous peine de poursuites judiciaires, voire d’une peine de prison.
La plupart des écoles reconnues proposent un cursus d’environ 600 heures de cours. Parmi ces cours : histoire du massage, physiologie, cours d’anatomie, kinésiologie, des cours concernant les différentes pathologies et même l’obligation de passer son brevet de secourisme.
Après une à deux années d’activité professionnelle, le salaire moyen d’un massothérapeute à son compte et travaillant 20 heures par semaine a été estimé entre 1 000 à 1 200 dollars par semaine. Mais lorsqu’il peut s’agir aussi de business aux États-Unis : « The sky is the limit. »