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Colloque professionnel de la FFMBE : apprendre en confiance

Un colloque est un grand rassemblement autour de ces idées et pratiques.

Colloque professionnel de la FFMBE : apprendre en confiance

Construire une pensée collective, suivre un cheminement balisé par l’amour et la raison, autour du thème de la confiance, de la relation et de l’éthique : tels sont les enjeux du premier colloque de la FFMBE, qui se tiendra à Paris les 26 et 27 mars 2015.

La philosophe italienne Michela Marzano nous rappelle que la première expérience qu’un être humain a de la confiance naît dans la petite enfance, lorsque le nourrisson se trouve dans un état de dépendance totale. Il n’a aucune protection et ne peut se prendre en charge seul. Pour survivre, il a besoin non seulement des soins, mais aussi de l’amour de ceux qui s’occupent de lui. Confié à d’autres, il ne peut que s’abandonner à eux, leur faire confiance et les croire sur parole. C’est au contact des adultes, selon les attentions qu’il reçoit, qu’il développe des sentiments de bien-être ou de peur. Il est vulnérable et fragile, même s’il n’est pas encore conscient de sa vulnérabilité et du pouvoir que les adultes, dépositaires de sa confiance, peuvent exercer sur lui.

La société contemporaine accorde peu de place à l’acceptation de notre vulnérabilité dès lors que nous devenons adultes. À l’inverse, elle tente de compenser par des lois, des règlements et des contrôles la sécurité devenue défaillante à l’intérieur de certains d’entre nous, contribuant à générer de l’anxiété collective. La profusion de normes censées nous protéger, l’application du principe de précaution jusqu’à nous rendre immobiles, la vaccination de masse de la population à l’apparition du virus H1N1 qui s’est révélé relativement inoffensif sont, parmi d’autres, autant de symptômes d’une société qui craint la peur, alors que paradoxalement, nous n’avons sans doute jamais vécu dans un monde aussi sûr. Or l’extériorisation de la sécurité est une impasse, car elle ne comblera jamais le mal- être qui fait naître son besoin. Au contraire, nous verrons lors du colloque que la sécurité intérieure est un préalable au bien-être.

Il est illusoire de penser que l’on puisse se sentir vraiment bien, sans apporter une réponse au tumulte qui existe parfois en nous. Le praticien en massages-bien- être, sans toujours en prendre conscience, contribue à installer et renforcer la sécurité intérieure, par sa présence bienveillante, en s’axant sur sa propre tranquillité, qu’il incarne grâce à son habitude du contact et du travail corporel à proximité de l’autre. La répétition de la sécurisation que le client retrouve à chaque séance dans le toucher du praticien contribue à le rassurer profondément. Dès lors, il s’autorise à vivre sa vulnérabilité, à moindre crainte. Une manière parmi d’autres de laisser s’installer le bien-être, parfois de façon durable.

La sécurité intérieure est différente de la confiance en soi – s’il peut arriver d’être piégé par un excès de confiance en soi, il n’est pas possible de ressentir trop de sécurité intérieure. Plus profonde, intimement liée au corps, la sécurité intérieure se constitue dans le giron maternel, puis se renforce dans les premières années, avant l’apparition du langage. Nos collègues haptonomistes, à partir des travaux de Frans Veldman, ont exploré la façon dont elle se constitue à partir de l’expérience de vie in utero. Leurs recherches sur le toucher peuvent nous aider à comprendre ce qui se joue dans la bienveillance du massage-bien-être pour que celui-ci soit apte à sécuriser l’être intérieur et l’amener vers la confiance.

Faire confiance à l’autre pour co- construire un monde plus doux

Pour qu’apparaisse la confiance, il est nécessaire d’accepter le risque. Celui d’être déçu dans son attente ou d’être éventuellement trahi. Dans la sphère de l’entreprise, la difficulté de certains dirigeants est d’accepter qu’une relation humaine échappe au contrôle. Mais à trop miser sur le « zéro défaut », thème à la mode dans la littérature managériale, on aboutit au résultat inverse de celui qu’on prétend obtenir. Au lieu de favoriser la confiance mutuelle, on crée de la défiance. L’expérience dramatique de certaines entreprises a ouvert les yeux de chacun sur l’importance du bien-être, et l’on sait maintenant que le climat d’anxiété et de crainte détruit à la fois la confiance en soi et la confiance en l’autre.

Beaucoup d’entrepreneurs font des choix managériaux différents. L’entreprise elle- même peut servir bien d’autres causes que celle de l’argent. Le colloque sera l’occasion de rassembler ces hommes et femmes d’entreprises à part, pour qu’ils nous montrent combien la confiance a du sens quand il s’agit d’amener des gens à collaborer pour décupler leur capacité à créer et à construire. Pour eux, le bien-être a vraiment sa place en entreprise, car il permet à la confiance de naître et de durer. Comprendre leur logique, c’est mieux voir la place que le praticien en massages-bien- être peut y occuper ponctuellement, comme un magicien qui viendrait réenchanter le monde du travail.

Rassembler les idées existantes, pour en façonner de nouvelles

Dans notre activité, il existe peu de rendez- vous où la rencontre des idées et des pratiques soit rendue possible. À travers le contenu de son site internet et ici, dans La Massagère, la FFMBE publie quelques textes éclairant notre activité. Certains centres de formation contribuent beaucoup à une forme de recherche empirique sur le toucher. Le congrès bisannuel du Toucher-Massage, organisé par Joël Savatofski, a aussi permis d’enrichir notre approche du bien- être en France. Des auteurs ont contribué à faire exister une littérature, parfois technique, parfois plus philosophique (Abrassart, Hieronimus, et bien d’autres). Nous ne partons donc pas de rien, mais d’autres professions proches de la nôtre ont davantage théorisé, cherché à comprendre leur discipline et contribué à la faire avancer. J’évoquais plus haut l’haptonomie, je pense aussi à la sophrologie, à l’hypnose, à la Gestalt et aux diverses branches de la psychothérapie, dont les apports, en décalage par rapport au massage-bien-être, nous sont utiles pour progresser.

Un colloque est un grand rassemblement autour de ces idées et pratiques existantes, pour en élaborer de nouvelles. La participation de chacun fait progresser l’ensemble, comme les gouttes d’eau font les grandes rivières. Je vous invite, les 26 et 27 mars 2015, à rejoindre le débat pour fabriquer un torrent d’idées qui donne confiance.

Source

Par  Manuel GASTAMBIDE/ paru dans La Massagère / Numéro 16 / 2014.

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