Le bien-être en Allemagne
A la fin des années 80, le marketing et la publicité allemande s’emparent du terme généraliste de bien-être ou plutôt «wellness » en version anglaise utilisé par les Allemands comme un mot-valise désignant plusieurs notions, comme la remise en forme, le mieux vivre ou encore le « bon mental ».
Dans un premier temps, la notion de bien-être est mise au service de la commercialisation de toutes sortes de produits, de la paire de chaussette à la voiture en passant par les saucisses. Les années 90 verront apparaitre des livres sur le « véritable » bien-être et particulièrement sur la thématique de la santé holistique. Ces succès de librairies (souvent des traductions d’ouvrages américains) percent une nouvelle voie dans la santé créant ainsi un besoin dans une société allemande vieillissante.
Cette tendance se transforme en vague de fond qui se perçoit jusque dans le monde médical allemand qui au lieu de chercher à l’évincer, va l’utiliser dans son programme de santé. Ainsi dans l’opinion, le bien-être devient une autre médecine : « la santé préventive ».
Les années 90 voient croître le nombre de structures liées au spas, et les thermes qui jalonnent bientôt l’Allemagne s’équipent massivement. Du côté de la médecine classique, de plus en plus de médecins se forment et proposent des traitements alternatifs dont certains massages. Les hôpitaux ouvrent leurs portes à des intervenants aux techniques douces. Dès lors, de nouvelles écoles font leurs apparitions pour répondre à la demande de ces nouveaux métiers dans le secteur du bienêtre. Les compagnies d’assurances santé créent le « medecine wellness » offrant à leurs clients des soins ou des stages de bien-être en fonction de certains besoins.
Cependant dans les années 2000, quelques voix s’élèvent pour recadrer la notion de bien-être, notamment Claudia Freidl avec son livre : « Le Wellnessboom », un ouvrage sociologique qui remet en perspective la réalité du commercial sur la véritable recherche en soi de bien-être.
Aujourd’hui et en synthétisant, on peut dire que le bien–être allemand se définit dans une certaine lisibilité sous quatre formes ou familles : la relaxation, la remise en forme, l’alimentation et la santé mentale. C’est autour de ce système que se sont structurés, les différentes techniques et métiers du bien-être, ainsi que son industrie et son commerce. Pour un allemand, le bien–être, c’est l’art de savoir conserver sa santé !
Etre « masseur » en Allemagne
L’ensemble du marché du bien–être en Allemagne représente des dizaines de milliards d’euros par an et ne connaît pas la crise. Il y a plus d’1,5 millions de personnes en Allemagne qui travaillent dans le secteur du bien-être, et cela tend à s’élargir. Dans les différents domaines du massage en Allemagne, le masseur médical est appelé un « massothérapeute », et le kinésithérapeute est appelé « physiothérapeute. » Il existe également une formation spécialisée de « balnéothérapeute ». Toutes ces spécialités sont reconnues par des diplômes d’état au niveau fédéral. Si le physiothérapeute agit principalement dans le domaine de la rééducation, le massothérapeute allemand bénéficie d’un éventail plus large de choix professionnels car il peut travailler en cabinet, dans les spas ou dans les thermes et se former aux techniques de massages-bien-être.
Ce que nous appelons en France « praticien en massages–bienêtre » se rapproche par le profil et les techniques manuelles demandées, du « praticien wellness » ou « masseur mobile » qui, en Allemagne, agissent principalement dans les spas, les entreprises ou à domicile et qui utilisent les techniques de massages de relaxation et de détente. Le bien-être faisant partie du paysage de la santé en Allemagne, il n’existe donc pratiquement pas d’hermétisme entre le monde médical classique et le monde du bien-être considéré comme de la santé préventive.
Devenir « masseur » en Allemagne
Plutôt que de défendre chacun leur pré-carré, beaucoup de médecins et de massothérapeutes allemands ont créé leurs propres écoles et/ou écrit des ouvrages sur le massage selon leurs expériences. Il n’est donc pas rare de se retrouver dans une formation de massage-bien-être avec des élèves professant déjà dans le milieu purement médical. La formation aux massages en Allemagne n’est pas dénuée de pragmatisme ce qui permet aux praticiens d’évoluer entre les techniques de bien-être et des techniques d’ordre purement thérapeutiques.
Les écoles de formation pour le massage sont soit affiliées aux institutions de formation aux métiers liés au corps (médical ou bien-être), soit spécialisées dans des techniques très spécifiques comme l’Ayurvéda, le Shiatsu ou le Nuad Boram. Toutes les écoles doivent être agréées par le gouvernement fédéral de chaque région, et peuvent bénéficier de l’un des nombreux labels de qualité qui existent en Allemagne. Ces labels ont été créés par des agences indépendantes ou les écoles elles-mêmes, ce qui doit garantir aux élèves, une certification mieux estimée et cela en fonction de la plus ou moins grande reconnaissance du label.
La certification permet aussi l’agrément auprès des différentes assurances et mutuelles de santé car celles-ci peuvent payer le remboursement des massages-bien-être ou une cure aux thermes et dans les spas. Les formations aux massages-bien- être peuvent aussi être prises en charge via les pôles emplois allemands par des chèques éducation.