Le temps qui passe

Quelle étrange chose que le temps, évoqué de nombreuses fois par les poètes, décortiqué par les philosophes… Nous en parlons de manière contradictoire.

Le temps qui passe

Quelle étrange chose que le temps, évoqué de nombreuses fois par les poètes, décortiqué par les philosophes… Nous en parlons de manière contradictoire : nous n’en avons jamais assez, et nous trouvons qu’il passe trop vite, mais parfois nous voulons l’accélérer, aller plus vite et donc le perdre, en quelque sorte, ce temps si précieux. Nous avons tous ici-bas un temps défini, limité…

Comment faire pour le vivre pleinement ?

Le progrès technique, ces dernières années, nous a plongés dans une forme de vitesse incessante, il faut tout faire plus vite, en instantané, cumuler les tâches, ne surtout pas se retrouver inactif, à l’image de ces super-actifs créatifs qui font de leur vie un mouvement sans cesse renouvelé. Ceux-là n’ont jamais assez de temps devant eux, leur grand regret est peut-être de ne pouvoir l’arrêter, pour pouvoir caser dans leur vie toute leur soif de faire.

Nous manquons tous de temps, mais nous ne savons pas prendre le temps…

Prendre le temps de réfléchir, prendre le temps de regarder, prendre le temps d’écouter, prendre le temps de sentir, prendre le temps de se construire…

Nous avons un regard amusé sur ces ados, le dos un peu voûté d’avoir grandi trop vite, fatigués déjà d’être si tôt debout debout, passer de leur lit au canapé, perdus dans leurs pensées ou bougonnant d’ennui. Nous avons envie de leur dire de faire quelque chose : « Allez, ne reste pas sans rien faire ! » Leur inactivité nous agace, mais si, finalement, ils avaient raison ? Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est quelque chose de profond, qui demande sans doute un petit ralentissement.

Ha ! Si nous, adultes, pouvions profiter de moments oisifs, inactifs, nous retrouver un peu sans avoir rien à faire quelques heures ! Nous aurions alors peut-être envie de leur dire d’en profiter, et parfois de laisser le temps s’écouler sans se sentir coupable. Mais comme il est mal vu de ne rien faire et de ne pas avoir toutes sortes de choses pour le remplir et ne pas le perdre ! Et si ralentir, justement, permettait d’en profiter mieux ?

Ralentir permet de se retrouver, de profiter pleinement des choses, des personnes, de faire des rencontres, d’aller plus au fond de nous-mêmes et peut-être de mieux appréhender les situations.

Cela peut être le cas dans plusieurs situations et notamment en phase de reconversion professionnelle. Il est nécessaire de prendre le temps, de peser le pour et le contre avant de se lancer dans un projet à corps et à coeur perdu ! Cela peut amener quelques sarcasmes de la part de notre entourage, « tu perds ton temps, agis ! » Et c’est aussi le cas lorsque l’on doit faire face à des événements perturbants, séparation, deuil… Plutôt que de fuir nos sentiments dans l’action, peut-être aurions-nous intérêt à justement nous laisser prendre par ces derniers, pour aller au fond du problème, l’assimiler, et ainsi en sortir plus fort. Il y a nécessairement une phase de « dépression », mais elle est indispensable car elle nous permet de « passer à autre chose ».

Ne dit-on pas que le temps adoucit toutes les blessures ?

Même si les souffrances restent en nous, le temps aide à les accepter, lorsque l’on prend la peine et le temps de les regarder en face. Sinon, on court le risque de voir resurgir ces problèmes bien des années plus tard et de ne plus savoir comment les affronter ! Le temps passé alors n’aura pas eu son action bienfaisante…

Car le temps est bienfaisant, malgré les années que nous prenons et notre peur de vieillir, n’est-ce pas grâce à lui que nous apprenons à mieux nous connaître et à savoir qui nous sommes ?

Source

Par  Anne-Sophie STROHL / paru dans La Massagère / Numéro 12 / 2013.

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