Plutôt que de se saisir d’un symptôme, la voie qui s’ouvre au massage bien- être est d’accueillir la personne dans sa globalité, dans son entièreté, sans se laisser focaliser voire aspirer « par ce qui ne va pas ». Chercher à mettre fin à la présence d’un symptôme n’est pas le rôle d’un praticien en massages bien-être. Et si le symptôme n’était qu’un prétexte pour le bénéficiaire à prendre du temps pour soi, à se considérer, à se témoigner de l’intérêt et de l’importance ? C’est souvent « la personne oubliée, épuisée, tenue à l’écart de son équilibre de vie » que nous sommes censés accueillir, entendre et accompagner. Le symptôme est souvent la somatisation d’un besoin d’exister insuffisamment pris en compte, voire nié. Le massage bien- être n’est pas là pour rééduquer le processus symptomatique mais plutôt pour accueillir le sujet là où il en est de son besoin profond.
La relation d’accompagnement et l’idée d’une pratique humaniste du massage bien-être sont là pour protéger le masseur comme le massé du risque de l’aventure thérapeutique qui n’est pas la nôtre. D’une certaine façon, il s’agit de demeurer insatisfait de ne pouvoir sauver le client de son symptôme pour être certain de l’accompagner vers ce qui est le plus précieux : l’être. Il suffit pour le praticien d’être là où il doit être, sans intention précise mais avec une présence attentive pour que s’éveillent chez le client des forces homéostasiques insoupçonnées. Il reste alors pour le praticien à devenir le témoin bienveillant de l’émergence de l’unité corps-esprit de son client, étape préalable au bien- être. Le massage bien-être possède cette potentialité d’accompagner la profondeur de l’être, cette puissance de vie qui porte, pulse et transforme.
Le temps du massage bien-être, pour le client, est pris précisément pour ne rien faire. Il se donne ainsi les moyens d’interrompre un processus permanent d’action que son quotidien lui impose généralement. Il prend le temps de laisser revenir le corps en première ligne et de tourner son attention vers son monde intérieur. Le massage bien-être a pour rôle de réorienter le bénéficiaire vers un mode dit passif, un non-remplissage, un laisser faire corporel. Le massage bien-être propose au client d’abandonner un « aller chercher » pour un « laisser venir » voire un « laisser se révéler » (1).
Pendant cette aventure intérieure du client, il est indispensable que le masseur bien-être renforce sa posture de témoin bienveillant, sans intention, sans recherche particulière, sans l’exercice d’un pouvoir spécifique. Il doit renoncer à une activité conquérante régie par l’intention de « soigner l’autre » ou de lui « donner du bien- être ». Il est essentiel de souligner que chacun dispose d’une énergie vitale, d’un capital bien-être en lui. De fait, ce bien-être ne vient pas de l’extérieur. Il émerge de l’intérieur. Le bien-être du client c’est précisément ce qui advient lorsque la pratique du massage est sans intention particulière, lorsque le protocole se déroule avec, de la part du masseur, « une attention présente non-dirigée (1) ». Cette démarche est troublante pour tout débutant en massages bien-être car la croyance naïve que l’on puisse apporter à l’autre « du bien-être » est forte. Ce qui est étonnant également c’est découvrir une conduite opératoire du massage qui ouvre à un « laisser se faire ce qui doit se faire », là où en est le client, dans sa capacité à prendre conscience de ses ressources dans sa vie, dans son œuvre, dans son accomplissement.
L’idée, d’une suspension du vouloir pour l’autre et de l’absence de focalisation sur le symptôme, ouvre chez le masseur une présence nouvelle à lui- même, à l’autre et une attention afin de ne pas interférer et transférer sur le client ses propres aspirations. Cette présence attentive, se « laisser se révéler ce qui peut se révéler » est clairement une approche considérée comme plus exigeante, voire plus avancée (1) en termes de présence consciente dans l’exercice de l’accompagnement par les massages bien-être. La pratique appelée communément la pratique du lâcher prise s’affine en devenant la pratique du « ça lâche prise ». Et c’est ainsi que le massage bien-être, dans sa dimension accompagnatrice est une pratique humaniste qui s’appuie sur le fait de considérer l’autre tel qu’il est et l’accueillir là où il en est, sans vouloir qu’il soit autrement et sans attente particulière