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Mythes et rêves de l’entrepreneuriat

Ah ne plus avoir à rendre compte à un petit chef ! Ne plus subir ses ordres et pouvoir librement suivre ses inclinations. Devenir entrepreneur ! Et si ce rêve largement répandu, soutenu par des politiques en mal de solution face au chômage, était un des mythes actuels ? Pourquoi, pour renforcer ce schéma, faut-il adjoindre le préfixe auto à entrepreneur ? Pourquoi ce pléonasme ?

Un MYTHE

Un MYTHE est un récit qui met en scène des êtres représentant symboliquement des forces physiques, des généralités d’ordre philosophiques, métaphysiques ou sociales. Le héros est celui qui incarne ces valeurs. Il se distingue par sa bravoure ou ses mérites exceptionnels. Parmi les valeurs principales du héros citons la renommée, la gloire, la force, le courage, la sagesse, l’intelligence, l’habileté, l’attention aux plus faibles…

Au fil de l’histoire, chaque période a créé les héros dont elle avait besoin. Des personnages ont marqué les civilisations, Gilgamesh, Alexandre le Grand, César, Néfertiti, mais aussi, sur le plan de l’esprit, Diogène, Platon, Lao-Tseu… Dans les épopées moyenâgeuses, nous avons les ermites et fous de Dieu, les chevaliers errants qui voyagent sans suite précisait Cervantès. Au 19ème siècle, les sociétés guerrières évoluant vers l’économie, les capitaines et chevaliers d’industrie étaient entrepreneurs ou hommes d’affaires à succès. Peut-être signe de l’adoucissement des mœurs et en réaction aux 2 guerres mondiales et à la puissance de la bourgeoisie, au 20ème siècle, en remplacement des guerriers, nous citons en exemples Gandhi et mère Thérèsa. Plus récemment encore, les politiques, cherchant à réduire le chômage tentent de promouvoir l’entrepreneur. Il est vrai, qu’au départ, soin de toutes les attentions il devient aussi moyen de renflouer les caisses de l’état. Serait-il capable d’apporter un nouveau souffle à nos sociétés ? Pouvons-nous tous être les héros de ce nouveau mythe ? Le self made man (et woman bien sûr) nous sauvera-t-il ?

Après ce survol de l’évolution de la figure du héros, étudions ce qui distingue ce personnage mythique des temps moderne de tout un chacun. L’entrepreneuriat est le fait d’entreprendre et de développer un projet.

Les 3 qualités essentielles d’un entrepreneur sont :

  1. le goût du challenge.
  2. la capacité à prendre des décisions.
  3. la capacité à déléguer.

Les caractéristiques de sa personnalité sont variées : la passion, la confiance en soi et la prise de risque, l’ambition, la détermination, le goût du challenge et le leadership.

Voici quelques stéréotypes et idées fausses qui peuvent influencer les futurs entrepreneurs.

  1. L’entrepreneur est un « super-héros » : NON. L’entrepreneur n’est pas une personne capable de tout faire seule. Entreprendre demande souvent un travail d’équipe, de la collaboration et la reconnaissance de ses propres limites.
  2. L’entrepreneur est né pour cela : NON. Certaines personnes pensent que l’entrepreneuriat demande des qualités innées. En fait, la plupart des compétences entrepreneuriales peuvent être apprises et développées par le travail.
  3. Le succès est rapide : RAREMENT. L’idée que la réussite survient du jour au lendemain est un autre mythe. En réalité, le succès demande souvent des années de travail acharné et de savoir apprendre de ses échecs.
  4. Les entrepreneurs travaillent seuls : IMPOSSIBLE. Même avec un statut d’indépendant, il faut savoirs dynamiser des réseaux, envisager des collaborations, des partenariats…
  5. Il faut être jeune : POURQUOI ? Il n’y a pas d’âge limite pour commencer une entreprise.

    Dans les mythes les héros affrontent des forces obscures. Ce sont leurs victoires contre le mal, l’obscurantisme ou l’injustice qui les hissent au rang de demi-dieux. C’est Prométhée qui offre le feu aux hommes, Jeanne d’Arc qui délivre la France, Mandela et sa lutte contre l’apartheid. Les chevaliers domptaient les dragons, contre quoi doit lutter l’entrepreneur ?

Dans les mythes les héros affrontent des forces obscures. Ce sont leurs victoires contre le mal, l’obscurantisme ou l’injustice qui les hissent au rang de demi-dieux. C’est Prométhée qui offre le feu aux hommes, Jeanne d’Arc qui délivre la France, Mandela et sa lutte contre l’apartheid. Les chevaliers domptaient les dragons, contre quoi doit lutter l’entrepreneur ?

Un RÊVE

Surfant sur des désirs d’autonomie et de différenciation, qui n’a pas rêvé d’indépendance ? Cependant être individué, comme le prétendait C. G. Jung, c’est être un, avec les autres. Le cycle classique de la dépendance distingue la dépendance totale (le bébé qui a besoin de soins), la contre dépendance (l’adolescent qui se révolte), puis l’indépendance psychique et financière de l’adulte. Nombreux sont celles et ceux qui s’en arrêtent là. Dommage ! Car le cycle n’est pas fini. Nous ne sommes vraiment en équilibre que lorsque nous acceptons l’interdépendance. Nous touchons là à un point clef de l’installation professionnelle. Nous pouvons rêver Je peux faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux. Mais cette dynamique apportera rarement réussite à ces entrepreneurs en réaction aux différentes, règles, lois et pouvoirs et non totalement adultes. Christophe André et Rebecca Shankland prétendent que l’humanité n’a survécu que parce qu’elle est interdépendante (Ces liens qui nous font vivre. Eloge de l’interdépendance – O Jacob 2020). En effet, tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. (Proverbe africain)

L’Installation professionnelle indépendante est pour beaucoup un rêve. Mais ce rêve se frotte vite au monde réel. En plus des capacités et savoirs faire d’un métier, en vivre comprend deux aspects principaux :

  • Des connaissances professionnelles, administratives, comptables, économiques.
  • Des qualités humaines relationnelles et psychiques.

Les premières sont relativement faciles à acquérir avec du travail. Si vous le voulez vraiment, en vous concentrant sur votre création, les informations, conseils, savoirs arriveront vite et avec un peu de logique vous mettrez en place les conditions matérielles de votre réussite. Au pire vous trouverez dans les formations à l’installation une pléthore d’outils qui ont faits leurs preuves.

Les deuxièmes sont plus difficiles à maîtriser. Vous êtes convivial, vous nouez facilement des relations, vous tentez de trouver des réseaux pour valoriser ce que vous entreprenez et pourtant cela ne décolle pas. Quels sont donc ces démons qui vous bloquent et que vous devez affronter ?

Bien sûr il faut savoir rêver. Les grandes choses commencent par des grands rêves. Alors comment transformer vos rêves en réalité ? Sur Internet, en stage ou en cours particuliers les faiseurs de leçons vous expliquent en 4, 5, 7 ou 10 points comment vous y prendre (focalisez-vous sur le comment et non le pourquoi, établissez un plan d’action, entourez-vous des bonnes personnes et même lâchez prise de temps en temps…) Mais toutes ces bonnes instructions vous laissent dans le désarroi.

Tous vos amis sont de bons conseils, vous avez effectué une étude de marché sérieuse, vous avez analysé en profondeur les besoins de votre cible, vous possédez toutes les informations administratives juridiques et comptables, vous avez établi un plan d’action détaillé… et surtout vous ressentez en vous cette aspiration à devenir le héros de vous-même… Pourtant vous n’arrivez pas à vous lancer. Une force inconsciente vous freine. Un dragon intérieur diminue vos élans.

De la même façon qu’il existe chez certains malades des bénéfices secondaires et inconscients à demeurer souffrants, il nous faut envisager des freins psychologiques à la réussite. Oh ! Ceux-ci sont nombreux et souvent bien enfouis. Ce peut être l’auto interdiction inconsciente de réussir mieux que ses parents, la peur de gagner, la comparaison et la moindre valeur que l’on s’octroie, la crainte de se distinguer, la mésestime de soi, l’envie d’avoir du temps pour sa vie personnelle ou sa famille… Impossible ici d’en faire une liste exhaustive, mais ce qui est certain c’est que seul un travail psychologique personnel et approfondi peut nous libérer de nos démons.

Et oui, un jour ou l’autre, le héros doit rencontrer ses propres diables. Nos savoir-faire et qualités professionnelles, nos connaissances administratives et juridiques ne peuvent s’épanouir que si nous nous libérons. Le pire ennemi c’est moi-même mais je ne le tue pas car je l’aime (Charles de Leusse). Cette assertion, effleurée par Freud et développée par de nombreux psychologues met en lumière combien nos pensées, nos croyances et nos actions peuvent nous empêcher de réaliser notre plein potentiel. Ce n’est pas contre la concurrence et les règles administratives, c’est contre des parties inconscientes de lui-même que l’entrepreneur doit accepter de se battre.

Alors le chemin devient doublement passionnant. Il est à la fois ouvrage dans le monde social et création de soi-même.

Source

Par Jean-Dominique Larmet, Institut Camilli.

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